Une sortie d'essais catastrophique

 

Juillet 1932
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Sous-marin océanique Type 1500 tonnes

Mis sur cale 1928 - Lancé 23.10.1930

   
Longueur : 92 m. Propulsion
Vitesse :  17 nœuds 2 Diesel Sulzer 6000 CV
Déplacement : 1570 tonnes (Surface) 2 moteurs électriques 1000 CV
2084 tonnes (Plongée) 11 TLT (9x550 mm et 2x400mm) - 11 torpilles

   Circonstances du naufrage :

   Le 7 Juillet 1932, le sous-marin français Prométhée, Commandant Lieutenant de Vaisseau Amaury Couëspel du Mesnil,  prend la mer à Cherbourg par un temps magnifique et met le cap sur le large avec 68 hommes à son bord dont des techniciens de l'Arsenal. Encore en phase de recette, il n'a jamais plongé et doit au cours de cette sortie établir la courbe de puissance des moteurs diésels et électriques. Peu avant midi, la partie d'essais concernant les moteurs électriques étant achevée, ordre est donné d'embrayer les diésels afin de poursuivre. Selon toute vraisemblance, cet ordre, malgré un panneau d'usage restreint, est exécuté à partir du tableau de commande hydraulique qui n'a pas encore été réceptionné. Or, une particularité du système hydraulique à ce stade d'achèvement du tableau de commande, particularité d'ailleurs inconnue des Commandants, provoquait lors de sa mise en pression, l'ouverture générale des purges de ballasts. Situation particulière qui peut ainsi que nous allons le voir, tourner à la catastrophe quand le bâtiment n'est pas en état de plonger.

   Pour l'essai des moteurs électriques, les portes de remplissage des ballasts étaient ouvertes ce qui fait que l'ouverture des purges mettait instantanément le bâtiment en configuration de prise de plongée et le Prométhée s'enfonçait aussitôt. Quelques hommes présents sur le pont, purent fermer des panneaux derrière eux tandis que le sous-marin prenait la plongée. Intrigué par des cris en provenance du pont, le Commandant qui était au carré,  montait alors sur le pont et constatait que le bâtiment qui n'était plus dans ses lignes d'eau s'enfonçait par l'arrière. Rattrappé par le niveau de l'eau, il escaladait l'échelle du kiosque d'où il se trouvait projeté à la mer avec un groupe d'une dizaine d'hommes. Le Prométhée se dressait un instant pratiquement à la verticale et disparaissait sous la surface.

   Plusieurs rescapés se noyaient très vite ou succombaient à une hydrocution, ce qui fait qu'il n'y eut bientôt plus en surface qu'un groupe de sept hommes dont le Commandant et l'Enseigne de Vaisseau Bienvenue qui furent recueillis une heure plus tard par un bateau de pêche.

  Conduits à la Majorité Générale de l'Arsenal, ils donnaient enfin l'alerte. Tous les moyens de recherche disponibles étaient aussitôt engagés mais le sous-marin ne fut retrouvé que le lendemain grâce à sa bouée téléphonique qui était revenue en surface et aucun contact ne put être établi. Entre temps, on faisait venir par avion de Toulon un scaphandrier spécialiste des grandes profondeurs avec son équipement. La profondeur à l'endroit où avait coulé le navire était de l'ordre de 80 mètres. Une première plongée eut lieu le 9 au cours de laquelle le scaphandrier parvenait à examiner l'épave et frappait sur la coque en divers endroits sans obtenir la moindre réponse. Des hydrophones furent immergés mais ils n'enregistrèrent aucun son en provenance du sous-marin. A l'évidence, il n'y avait plus âme qui vive à bord.

  On fit alors venir sur les lieux les deux navires italiens de la Sorima qui opéraient à grande profondeur sur l'épave du paquebot Egypt au large de Brest afin d'envisager le renflouement du Prométhée mais ce projet en raison des difficultés représentées par la plongée profonde, les courants, la masse et la taille du navire fut rapidement abandonné.

  L'enquête détermina rapidement que le panneau de commande hydraulique de l'embrayage des moteurs Diesel était en cause dans cet accident. On ignorera toujours pourquoi malgré le panneau d'interdiction posé sur cet élément, quelqu'un parmi l'équipage ou les techniciens de l'Arsenal l'a pourtant utilisé, ce qui on l'a vu, a provoqué une ouverture générale des purges de ballast et la mort de 61 civils et marins présents à bord.

  L'épave se trouve au point 49.48.316N, 01.26.421W  (wgs84)

 

Retrouvez le récit de cette catastrophe, dans un extrait de "1850-1950, Cent ans d'histoires de mer dans la Manche © Yves DUFEIL, 1975

  

L.V. Amaury Couëspel du Mesnil

 

Six des rescapés. Le Cdt et l'EV Bienvenue absents de cette photo

Georges Leygues accompagné de l'Amiral Le Do et du Commandant du Mesnil, salue les rescapés à bord du Bison lors de la cérémonie du 30 juillet sur les lieux mêmes du naufrage.

 8 Juillet 1932, à bord de l'Ailette, l'EV Bienvenue pendant la recherche de l'épave du Prométhée.

 

Crédit photos :

1-2 DCN Cherbourg

3-Cdt A. du Mesnil

4 et 5 L'Illustration du 2.8.32 

6-Mme Salaun-Bienvenue

 

 

Le tableau d'honneur des victimes du PROMETHEE

 

 

 

 

 

 
Quelques jours avant le drame...

Une galerie de photos © Mme M. Rosselin et reproduites avec son aimable autorisation. Elle est la nièce du QM Electricien Jean Guillet qui figure sur toutes ces photos (signalé par un x)

 

   
Les deux clichés ci-dessus datent probablement de la sortie d'essais du 1er Juillet, moins d'une semaine avant le drame. Si vous pouvez mettre des noms sur ces visages, merci de me contacter

Liste des présents à bord le 7 Juillet

les noms des rescapés sont soulignés

MARINE NATIONALE

Officiers

L.V. Amaury COUESPEL du MESNIL, Commandant

L.V. Jacques de FOURCAULT, Officier en Second

E.V.1 André BIENVENUE, Officier de Quart

I.M.2 Louis BOUTHIER, Ingénieur Mécanicien

Off. Mariniers, Quartier Maîtres et Marins

ANTONIO   Pierre, Matelot mécanicien

BARASSE Jean, Q.Mtre canonnier

BERNARD Georges, Q.Mtre électricien

CALVEZ Jean, S.Mtre mécanicien

CARPENTIER, Q.Mtre mécanicien

CHATON de la TOUCHE Louis, S.Mtre électricien

CLEGUER  Joseph, S.Mtre mécanicien

DANIEL François, Q.Mtre radio

EMZIVAT Nicolas, S.Mtre mécanicien

ENAEME Michel, Matelot mécanicien

ESNOUF Paul, Matelot mécanicien

GATTEPAILLE, Matelot mécanicien

GOASGUEN, S.Mtre Timonier

GODFRIN   Edouard, Matelot timonier

GUILLEMOT Joseph, Matelot torpilleur

GUILLET Jean, Q.Mtre électricien

HEYDON François, Q.Mtre canonnier

KERMAREC Jean, P.Mtre mécaniccien

KERMOAL Jules, Matelot mécanicien

LACHERAY Ernest, Matelot Maître d'Hôtel

LAFFONT   Edouard, Q.Mtre mécanicien

LE QUINTREC Lucien, S.Mtre mécanicien

LEMOIGN  René  Matelot timonier

LHOTE Robert, Matelot mécanicien

LOTH René, Q.Mtre électricien

MARGOLLE Raoul, Matelot électricien

MARQUEZ Charles, Matelot mécanicien

MERCIER  Raymond, Q.Mtre électricien

MONTAGNE Daniel, Q.Mtre électricien

MOREL Paul, Q.Mtre mécanicien

NEZAN Maurice,  Matelot cuisinier

 

NIOBEY Clément, S.Mtre mécanicien

PERROT Alain, Mtre Ppal électricien

PIERRARD Roland, Matelot mécanicien

PLET Albert, Matelot torpilleur

POUCH Lucien, Q.Mtre électricien

POURRE Jean, Matelot gabier

PRIGENT Francis, Mtre torpilleur

PRIGENT François, P.Mtre Timonier

SCHAKOWIECZ  Fernand, Q.Mtre électricien

SCHENHERR Maurice, Matelot électricien

WADOUX Jean, Q.Mtre mécanicien

WATTEBLE Jean Louis, Q.Mtre mécanicien

 

PERSONNELS CIVILS

Arsenal de Cherbourg

AVELINE Ing. du Genie Maritime

ADAM Alphonse Ajusteur

ALATERRE Electricien

AMBROISE Julien, Electricien

DAVENEY Electricien

DELALEE Louis, Ajusteur

GODEFROY Agent technique

GUILLOT Ajusteur

HAMEL Agent technique

LAMOTTE Ajusteur

LE PARMENTIER Agent technique

LE POITEVIN Electricien

LEDUR Gabriel Ajusteur

LOUIS Ernest  Ajusteur

TOSTAIN Ajusteur

 Ateliers du Creusot

RAUX Jean, Ingénieur

BOLLATRE Adrien, Chef-Monteur

GENEVOIS Antoine, Mécanicien

LECLERC Louis, Mécanicien

POUILLEAU Léon, Mécanicien

TISSAUD Eugène, Chef-Monteur

 

          

Videos de plongées sur l'épave © Emmanuel Lecomte (1) ainsi que  Apel Emoi (2)

Jacques de Fourcault  était le neveu de l'Amiral Jean Cras, Officier de Marine et compositeur (fils de sa soeur). Jean Cras allait disparaitre deux mois après son neveu